"On a un président de la République qui n'a toujours pas compris ce que c'était que la démocratie sociale, le paritarisme, et qui pense qu'il peut aller se servir dans les caisses des salariés (...) quand il veut et pour ce qu'il veut", a attaqué Sophie Binet.

Sophie Binet à Paris, le 17 mai 2023. ( AFP / EMMANUEL DUNAND )
C'est une "ligne rouge". La secrétaire générale du syndicat Sophie Binet a prévenu dimanche 8 octobre le gouvernement qu'"il n'est pas question" de se servir dans les caisses du régime de retraite complémentaire du privé, l'Agirc-Arrco.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, les organisations patronales et syndicales co-gestionnaires de l'Agirc-Arrco ont conclu un accord sur le pilotage quadriennal de cette caisse. Profitant des excédents, ils ont décidé de revaloriser les pensions de 4,9% au 1er novembre et de supprimer le "malus" de 10% qui incitait les salariés à décaler leur départ d'un an.
Ils ont surtout fait front sur un point : leur refus d'organiser un "tuyau financier" vers l'État, qui leur réclamait entre 1 et 3 milliards d'euros annuels d'ici 2030 pour participer au financement du relèvement des petites pensions prévu par la réforme des retraites, et au "retour à l'équilibre" du système global. Le ministère du Travail avait prévenu que sans mesure, il ponctionnerait le régime via le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).
"Ce serait gravissime"
"J'alerte vraiment le gouvernement. Pas question que le gouvernement remette en cause cet accord et aille se servir dans les caisses", a prévenu Sophie Binet sur France Inter/France Télévisions/Le Monde . "On a un président de la République qui n'a toujours pas compris ce que c'était que la démocratie sociale , le paritarisme, et qui pense qu'il peut aller se servir dans les caisses des salariés (...) quand il veut et pour ce qu'il veut", a-t-elle ajouté, évoquant aussi le projet de ponction des recettes de l'Assurance chômage.
"Ce serait gravissime", a insisté Sophie Binet. "C'est une ligne rouge" parce que cela "va dégrader les droits des salariés du privé". L'État a "d'autres leviers" pour financer sa réforme, notamment les presque "90 milliards d'exonérations de cotisations sociales pour les entreprises", qu'il pourrait "réduire un peu", selon elle.
Elle n'a par ailleurs pas précisé si la CGT signerait l'accord paritaire, dont la date limite est fixée à mercredi. "Il y a des avancées qu'on a arrachées mais tout n'est pas réglé, (...) notamment le fait que le montant des pensions des futurs retraités va continuer à s'éloigner du montant de leur dernier salaire", a-t-elle expliqué. "On en débat lundi en bureau confédéral", mais à la CGT, "on consulte très largement nos fédérations et unions départementales" avant de "décider de signer ou pas" et "ça va prendre quinze jours".
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